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14 de setembro de 2016

Armada europeia, muito barulho para nada?

Depois do referendo britânico, as conversações de François Hollande com os seus homólogos europeus concentraram-se na solidariedade europeia em matéria de defesa, um assunto por muito tempo bloqueado por Londres. Por: Adéla Denková, Aline Robert, Georgi Gotev, Jakub Šimkovic, Krzysztof Kokoszczynski Fonte: EurActiv

Armée européenne: beaucoup de bruit pour rien ?


Depuis le référendum britannique, les échanges de François Hollande avec ses homologues européens se sont concentrés sur la solidarité européenne en matière de défense, un sujet longtemps bloqué par Londres.
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Les responsables français estiment en effet que la coopération en matière de défense au niveau européen pourrait être facilitée par la décision des Britanniques de quitter l’UE. Une victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines pourrait également donner du poids à cette idée, étant donné le scepticisme du candidat vis-à-vis de l’OTAN.
Les dirigeants européens se rencontreront à 27 à Bratislava pour décider de l’avenir de l’UE. Avant ce sommet informel, le président français a déclaré que l’UE devait « insister sur les aspects de défense et de sécurité ».


>> Lire : La sécurité au cœur des discussions à Bratislava
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre italien, Matteo Renzi, et la chancelière allemande, Angela Merkel, au large de l’île de Ventotene, le 22 août, François Hollande a indiqué vouloir dynamiser la coopération de la défense, et estimé que la création d’une armée européenne était à présent plus probable. « L’Europe doit assurer davantage sa propre défense, et la France joue certainement son rôle à ce niveau-là », a-t-il déclaré.
Angela Merkel a pour sa part insisté sur un meilleur partage des informations dans la lutte contre le terrorisme et Daesh. « Face au terrorisme islamiste et à la guerre civile syrienne, nous pensons devoir en faire davantage pour notre sécurité interne et externe », a-t-elle annoncé.
Les ambitions de Visegrád
Lors d’un sommet à Varsovie le 26 août, ce fut au tour des États de l’est de promouvoir la mise en place d’une armée européenne. Des cinq pays participants (Allemagne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne), ce sont surtout la Hongrie et la République tchèque qui défendent cette idée.
« Nous devons faire de la sécurité une priorité et fonder une armée européenne », a déclaré Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois.
Bohuslav Sobotka a pour sa part affirmé que les dirigeants européens avaient avant tout le devoir de garantir la sécurité des citoyens européens. « Nous devons continuer le projet d’agence garde-côte, et le temps est venu d’envisager la création d’une armée européenne commune. Seules des forces armées européennes nous permettront de défendre nos intérêts nous-mêmes », a-t-il assuré. « Nous devrions entamer une discussion sur le sujet. »
Bohuslav Sobotka avait déjà abordé la question lors de sa rencontre annuelle avec les ambassadeurs tchèques le 22 août à Prague. « Je suis convaincu qu’à long terme nous ne serons pas capables de continuer sans une armée européenne », avait-il confié « Je pense que des négociations à ce sujet cet automne nous apporterons des propositions et des engagements concrets. »
Ces forces armées ne devraient pas être en compétition avec l’OTAN, précise le Premier ministre tchèque, mais constituer un nouveau « partenaire plus fiable et prêt à l’action ».
Si la chancelière allemande a appuyé l’idée d’une sécurité renforcée et d’une meilleure coopération, elle a appelé ses homologues à faire preuve de prudence dans la transposition pratique de ces objectifs.
Viktor Orbán et Bohuslav Sobotka semblent considérer essentielle l’instauration d’une armée commune pour protéger les frontières externes du bloc, une idée rejetée par la plupart des États membres. Le Premier ministre hongrois estime par ailleurs que les questions d’immigration et les sujets sociaux ne devraient pas être gérés au niveau européen et que l’UE devrait se concentrer sur la sécurité et l’établissement d’une armée commune.
Beata Szydło, Première ministre polonaise et hôte du sommet de Varsovie, a pour sa part appelé à la création d’un service de garde-frontière européen. Sa vision se rapproche donc plus de ce qu’envisagent la majorité des États.
La position de Viktor Orbán et Bohuslav Sobotka est surprenante, étant donné que les deux dirigeants se sont jusqu’ici opposés à toute idée qui pourrait affaiblir la puissance de l’OTAN. Si certains pensent que le Brexit leur a fourni de nouveaux arguments, les analystes pensent plutôt qu’ils tentent d’avoir l’air plus pro-UE, à un moment où les pays de l’Est sont très critiqués pour leur manque de solidarité.
> Lire : France et Allemagne s’avèrent isolées sur le projet d’une armée européenne
Federica Mogherini : Peut-être dans cent ans ?
« La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE signifie que le pilier européen de l’OTAN sera quelque peu affaibli. Commencer à mettre en place une armée européenne permettrait de renforcer ce pilier », a estimé le ministre des Affaires étrangères hongrois, Péter Szijjártó, lors de la réunion informelle avec ses homologues européens à Bratislava, le 2 septembre.
L’UE n’aura pas d’armée dans un futur proche, mais elle devrait avoir un rôle plus important dans la sécurité, a jugé, de son côté, la commissaire aux affaires étrangères, Federica Mogherini.
« Nous sommes tous conscients qu’il n’y aura pas d’armée européenne si tôt », a-t-elle ajouté après la réunion à Bratislava. « Dans cinquante, soixante, cent ans, qui sait ? », a-t-elle spéculé.
La République tchèque divisée
Jakub Kufčák, membre de l’équipe de recherches de l’Association for International Affairs, un groupe de pensée à Prague, a déclaré qu’il ne pensait pas qu’il y ait eu un changement fondamental de la position des pays d’Europe centrale, concernant l’« armée européenne ».
« D’après moi, nous sommes témoins d’un ‘mouvement de compensation’ [de la République tchèque et de la Hongrie] qui veulent être considérées comme pro-européennes par l’Europe occidentale, et par l’Allemagne en particulier. L’armée européenne n’est cependant pas un objectif à atteindre pour les principaux partis politiques tchèques et la coalition au gouvernement, à l’exception des sociaux-démocrates. », a-t-il confié.« C’est pourquoi le ministre de la Défense tchèque, Martin Stropnický a tenté de s’opposer aux affirmations de Bohuslav Sobotka, en soulignant l’importance d’une réforme des forces armées de l’UE. Ces forces armées ont été établies en 2005 pour permettre un déploiement rapide, mais n’ont jamais été impliquées dans une action militaire depuis leur création. »
Le ministre de la Défense tchèque a jugé qu’elles n’étaient pas très utiles, dans la mesure où les États membres devaient unanimement approuver le recours aux forces armées de l’UE. « Si nous entamons des discussions sur une potentielle armée européenne, je pense qu’il serait rationnel de commencer par changer les régulations pour recourir aux forces armées », a-t-il en effet souligné.
Selon Jakub Kufčák, les pays du Visegrad, hormis la Pologne, ne sont pas prêts pour le déploiement d’une armée européenne dans différentes régions. Sur le plan militaire, les capacités ne sont, d’après lui, pas nombreuses, étant donné que les quatre pays ne sont même pas parvenus à s’accorder sur une unité permanente pendant la présidence tchèque du Visegrád , l’armée tchèque ayant enterré une proposition, en faveur des forces de l’OTAN.
« Sur le plan politique, il n’y a pas de volonté de créer et consolider une coopération de défense, même entre les pays du Visegrád… Comment cela pourrait-il fonctionner à l’échelle européenne ? Ce ne sont que des mots qui ne sont pas mis en actions. Nous devons tout d’abord traduire nos paroles en actes », a expliqué l’expert.
La Pologne surveille les États-Unis
Bien que la Pologne se soit exprimée en faveur de la « création d’une armée européenne » ces derniers mois, elle ne souhaite pas une armée supranationale. Selon le ministère des Affaires étrangères polonais, « la Pologne soutient le développement de la PCSD [politique commune de sécurité et de défense] pour compléter les activités de l’OTAN ». Toutefois, la coopération entre les États membres doit être au premier plan, comme l’amélioration de leur résistance face aux guerres hybrides, le renforcement du contrôle des frontières ou la création d’un « centre de commandement opérationnel ».
Cette position reflète l’avis général en Pologne que l’OTAN, et notamment les États-Unis, sont les garants principaux de la sécurité. Ainsi, l’UE est davantage considérée comme un garant de la sécurité économique et de possibilités de croissance.
Marcin Terlikowski, dirigeant d’un projet européen au sein de l’institut polonais pour les affaires internationales, a toutefois déclaré qu’il y a plus de chances que les tentatives actuelles pour améliorer la coopération autour de la sécurité aboutissent.
« La ‘cible stratégique’ des Américains n’est plus l’Europe, mais l’Asie. Avec l’augmentation des menaces aux frontières orientales et méridionales de l’UE, les points de vue des hommes politiques et des sociétés concernant la sécurité ont changé », a-t-il détaillé. Il a d’ailleurs ajouté que les capacités actuelles des pays de l’UE étaient incomplètes, en raison de politiques mises en place après la Guerre froide. D’après lui, cela prendra des années pour qu’elles soient suffisamment révisées pour que l’Europe puisse se protéger efficacement.
La Slovaquie est dubitative
En Slovaquie, les ministres concernés ont tendance à maintenir que le principal garant de la sécurité nationale est l’OTAN. Encore aujourd’hui, malgré l’intérêt des pays voisins, aucun homme politique slovaque ne s’est exprimé en faveur d’une armée commune.
L’expert en sécurité et en défense, Marián Majer, a estimé que l’intérêt des pays de Visegrád  pour une armée européenne est « paradoxal », puisqu’ils ne sont même pas capables de respecter leurs engagements auprès de l’OTAN. Dans le journal slovaque SME, il a affirmé qu’il s’agissait d’une ruse des pays de Visegrád pour promouvoir l’Union, alors qu’ils avaient fustigé la politique des réfugiés de Bruxelles.
Actuellement, la Slovaquie détient la présidence tournante du Conseil de l’UE et préfère s’en tenir aux politiques principales.

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